Et voilà, le nouveau gouvernement est constitué. Un gouvernement de droite pure et dure à contre sens du vote des Français. Les résultats des élections du 30 juin et du 7 juillet derniers ont pourtant été très clairs : les Français ont rejeté avec force la candidature de Jordan Bardella au poste de premier ministre et ont demandé une alternance à la politique droite libérale Macroniste en donnant une majorité au Nouveau Front Populaire (NFP). Dans n’importe quel pays démocratique, le président de la République aurait nommé un premier ministre de la formation majoritaire en lui demandant de trouver une coalition pour pouvoir gouverner le pays et appliquer le programme de la coalition ainsi constituée.
Mais M. Macron, malgré la défaite cinglante de son camp dont l’essentiel des députés n’ont été élus que grâce aux désistements des candidats qui ont appliqué les consignes du front républicain (principalement les NFP), s’accroche à son pouvoir. Il s’approprie le rôle de premier ministre et a décidé de constituer lui-même une nouvelle coalition de droite pour continuer et amplifier la politique que les Français ont massivement rejetée (plus des ¾ des voies).
Après 51 jours d’attente, de trêve Olympique, de vacances au Fort de Brégançon, de concertation des partis, des présidents des groupes parlementaires, …et particulièrement après avoir eu l’aval du RN et de ses dirigeants, le président a enfin nommé un premier ministre : M. Michel Barnier. Une première anomalie, c’est curieux et contre intuitif d’aller chercher un premier ministre parmi les membres du parti LR, le plus grand perdant de ces élections (38 élus, 5.41%)
Et dimanche dernier (22 septembre, début de l’automne au sens propre et figuré) Michel Barnier présente le gouvernement le plus à droite depuis celui de M. Fillon dont on connait les démêlés avec la justice. Un gouvernement dont on connait le nombre de ministres d’origine LR, Renaissance, Modem, … mais dont ne connait pas le programme, même si on peut le deviner. Encore une anomalie par rapport aux autres démocraties où on qui prennent le temps de discuter point par point de la politique à appliquer afin de se mettre d’accord sur un programme commun et de désigner les ministres les plus appropriés. Dans ce gouvernement, chaque parti de la coalition a placé ses poulains d’abord, puis exprime ses exigences par médias interposés en prenant à témoin la population sans garantie qu’il soit entendu. Et au final, c’est M. Macron qui gardera la main sur la politique générale, toujours plus à droite, toujours plus libéral, toujours plus conservateur, et toujours au service des mêmes, …
Macron, avec la dissolution surprise (qui nous rappelle celle de Chirac en 1997 et dont les conséquences sont sans aucune mesure commune), nous a promis une clarification institutionnelle, le résultat est une confusion totale et une instabilité certaine. Combien de temps résistera ce gouvernement sans majorité, à la merci d’une décision du RN ?
Ahmed KHALADI
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