Maire communiste, Philippe Rio gère Grigny dans l’Essonne, la ville désignée comme la plus pauvre de France en 2020. Il vient de recevoir par la fondation internationale City Mayors Foundation la distinction de « meilleur maire du monde » récompensant des élus progressistes en pointe contre les inégalités. Quand il a reçu le mail lui annonçant la bonne nouvelle, Philippe Rio a d’abord cru à une blague. Lui, un maire« exceptionnel », peut-être même le « meilleur au monde » ?

Gérer les crises, Philippe Rio connaît, c’est son quotidien dans une commune où 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté avec toutes les conséquences qu’une telle situation entraîne. La crise sanitaire fragilise encore un peu plus cette population en grande précarité mais Philippe Rio a l’habitude de se battre pour résoudre les situations parfois dramatiques auxquelles ses administrés sont confrontés.

Encore une fois, il va devoir se « débrouiller » pour trouver des moyens efficaces pour lutter contre ce nouveau fléau qui envahit la planète. Alors il se bat et trouve des ressources. Les services sociaux de la mairie s’activent pour mettre en œuvre des solutions adaptées et souvent inédites pour aider les plus démunis. Outre les aides sociales habituelles, les services municipaux distribuent, 500 repas par jour à domicile, 130 000 masques dès le début de la crise, des ordinateurs pour les élèves.  Des éducateurs et des parents sont mobilisés pour éviter que les écoliers décrochent. Sur 2623 enfants scolarisés dans les écoles maternelles et élémentaires publiques (il n’y a aucune école privée) de Grigny, seulement un enfant a perdu tout contact avec l’équipe éducative, alors que le taux moyen de « décrocheurs » scolaires durant la période de confinement en France a augmenté autour de 6% pour les estimations les plus optimistes.

Déjà en 2017, Philippe Rio défendait auprès du gouvernement les quartiers défavorisés, les « cités » et réagissait à la baisse des crédits de la politique de la ville, à la suppression des emplois aidés, à la baisse des APL en organisant « les premiers Etats généraux de la politique de la ville » dans sa commune. Un millier d’acteurs de la politique de la ville, dont près d’une centaine de maires avaient participé à cette rencontre qui a débouché sur « l’appel de Grigny », et qui a déclenché la commande du Plan Borloo qui finira dans la poubelle d’Emmanuel Macron.

Mais Philippe Rio, ne désarme jamais, il prépare actuellement avec les maires des villes de banlieue de nouvelles propositions pour 2022 pour faire face à la situation qu’il qualifie lui-même d’explosive dans les quartiers défavorisés devenus zone de non droit.

Si la distinction de « meilleur maire du monde » honore Philippe Rio, elle permet également d ‘apprécier l’engagement, la détermination et les actions conduites par ces maires des banlieues difficiles qui se battent au quotidien pour l’amélioration des conditions de vie et de sécurité de leurs concitoyens. Un tel investissement mérite bien une récompense !

Françoise PELORCE