L’enfer c’est les autres

26 Mar, 2021

 

« L’enfer c’est les autres », cette célèbre phrase de Jean Paul Sartre dans Huis clos résonne de manière tout à fait particulière dans cette crise sanitaire qui n’en finit plus. L’autre est à la fois la victime (des autres que lui, donc potentiellement de nous) et le bourreau puisque chacun peut être malade et transmetteur de cette maladie.

En termes plus systémiques, les ensembles de personnes ont essayé de se protéger dans des « groupes sains », ou plus prosaïquement dans des groupes avec un taux de malades acceptable. Si l’on ne peut éliminer la maladie, alors maitrisons là. Du moins c’est ce que l’on croit, mais sommes-nous dans une réalité ou dans une croyance ? C’est ainsi que nous faisons extrêmement attention à un inconnu croisé dans la rue, mais moins à un vieil ami que l’on rencontrerait au même endroit. Notre amitié rendrait le risque acceptable ? On accepte que son enfant ne porte pas le masque à la maison mais on demande à ses copains de classe de le porter, notre lien de sang est plus fort que le virus ?

Depuis plus d’un an que la crise dure, les Etats dans le monde ont décidé de fermer leurs frontières plus ou moins hermétiquement. La France n’accepte pas un voyageur arrivant des Etats-Unis mais tolère tout à fait un espagnol moyennant un test PCR. Encore une fois notre proximité géographique, historique, culturelle (ou tout ce que vous voudrez) permettrait de rendre le virus plus inoffensif ?

Si on arrêtait de se mentir et qu’on raisonnait ? Il n’y a pas plus de risque à fréquenter un inconnu qu’un ami, pas plus de risque d’aller en Italie que sur la Côte d’Azur et pas plus de risque d’ouvrir nos frontières aux étrangers que de les fermer. Pas moins non plus. La fermeture des frontières aurait pu avoir un intérêt au tout début de la pandémie. Elle pourrait avoir un intérêt aujourd’hui entre des Etats aux taux de pénétration éloignés, aux variants particuliers, ou à la stratégie profondément différente (cas des pays asiatiques) mais elle n’en a plus aucun entre des pays similaires sur le plan sanitaire. On n’assèche pas une mare en mettant une séparation au milieu de la mare !

Alors aujourd’hui, il est temps de rouvrir nos frontières, de ne plus considérer que l’ennemi c’est l’autre, d’arrêter de faire croire que l’isolement des peuples est la solution. Au contraire, la coopération médicale, l’entraide entre les nations, les voyages seront d’une aide précieuse pour avancer dans le monde de demain. On le voit désormais, la fermeture des frontières n’est plus une entrave à la circulation des virus, elle est une entrave à la circulation des vaccins !

Julien JOURNET

 

 

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