LE REVENU SOLIDARITE JEUNES (RSJ) – ECHOS DU CONSEIL METROPOLITAIN DES 15 ET 16 MARS 2021

LE REVENU SOLIDARITE JEUNES (RSJ)

28 Mar, 2021

Une nouvelle aide accordée aux jeunes en grande précarité dès Juin 2021.

Le revenu minimum a été instauré en France en 1989. Trente ans plus tard, les jeunes de 18 à 25 ans n’y ont toujours pas accès. La République en Marche refuse toujours ce droit aux jeunes en précarité, même pour pallier les difficultés d’emplois renforcés par la crise sanitaire. Selon le président de la République, qui rejoint dans sa déclaration les propos du parti « Les Républicains », un minimum assuré détourne les jeunes de l’emploi, les enferme dans le piège de l’assistance : « Nos fondamentaux, c’est la lutte contre la pauvreté par le retour à l’activité et le travail. Plus on augmente de manière unilatérale nos minimas sociaux, plus on rend difficile le retour à l’activité ». 

Mais, comment peut-on penser qu’un jeune peut avoir pour ambition un salaire de 300 € ou de 400 €/ mois ?

Les élus majoritaires de la Métropole de Lyon souhaitent pallier cette carence et soumette au vote un dispositif de solidarité innovant, qui sera expérimenté durant 3 années : le RSJ destiné à la population des jeunes de 18 à 24 ans révolus, non éligibles aux aides existantes mais répondant à d’autres critères d’éligibilité.

1 – UN DISPOSITIF EXPERIMENTÉ PENDANT 3 ANS

Madame Séverine Hemain, vice-présidente en charge de la politique d’insertion et de l’emploi sur le territoire et du plan pauvreté souligne que 22,6% des jeunes de 18 à 25 ans vivent en-dessous du seuil de pauvreté et sont issus, pour la majorité d’entre eux, des quartiers prioritaires en politique de la ville. Le coût de ce dispositif est estimé à 10 millions d’euros par an.

Le dispositif concerne les jeunes de 18 à 24 ans révolus éligibles sous certaines conditions : résider depuis plus de 6 mois sur la Métropole, disposer de revenus inférieurs à 400 €/mois, être sortis du système éducatif, ne bénéficier d’aucune aides de l’Etat (non éligibles aux APL,  etc.) , de la Métropole, de leur famille ou d’un tiers. Un diagnostic social sera systématiquement réalisé pour vérifier les critères d’éligibilité et les droits du jeune à d’autres dispositifs mobilisables dont la garantie jeunes, vers lesquels il pourrait être dirigé.

2 – LES TROIS AXES DU DISPOSITIF 

 L’accompagnement du jeune prévoit :

  •  une aide financière d’un montant de 300 € ou de 400 € en fonction des critères d’attribution. Elle sera versée à chaque jeune pendant 24 mois maximum de manière continue ou discontinue. Un bilan trimestriel effectué avec chaque jeune déclenchera ou non le renouvellement. L’aide pourra être supprimée à tout moment en cas de changement de situation ou si le jeune ne tient pas ses engagements.
  • un suivi et le soutien d’un conseiller permettant d’accompagner le jeune dans sa démarche d’insertion et de l’orienter vers les actions renforcées portées par les missions locales, Pôle Emploi, vers les offres existantes comme par exemple les programmes d’insertion de la Métropole, les actions financées par les crédits européens…                          
  • une offre renforcée de services permettra de soutenir la dynamique d’insertion et la montée en autonomie des jeunes concernés dont l’accès aux soins, au logement, etc.

A l’issue des trois années de fonctionnement, le dispositif sera pérennisé ou non en fonction des besoins et des résultats des évaluations finales du dispositif.

3 – QUELQUES REACTIONS DES GROUPES POLITIQUES

 Le principe de ce dispositif innovant a globalement recueilli des avis positifs de l’ensemble des groupes politiques, à l’exception du « groupe de la droite, du centre et de la société civile »  qui s’est exprimé de manière très négative. Il ressort de ces interventions qu’il faut faire confiance à la jeunesse, leur tendre la main, sachant que les dispositifs existants ne répondent pas apparemment à leurs problématiques.

Les groupes d’opposition ont émis quelques réserves, quelques inquiétudes concernant les moyens et les ressources mises en place, jugées le plus souvent insuffisantes.

  • Certains ont proposé des ajustements, des évaluations plus régulières, des suivis plus fréquents, la revoyure trimestrielle étant jugée insuffisante compte tenu de la complexité et des enjeux du dispositif.
  • La nécessité de cerner, en priorité, les jeunes les plus isolés et difficilement accessibles, ceux des quartiers en politique de la ville, ceux qui sortent des foyers de l’aide à l’enfance sans solution, a été évoquée. Un élu fait remarquer que seulement 34 % des jeunes des quartiers populaires ont adhéré au dispositif « garantie Jeunes » (une mesure d’accompagnement des jeunes de 16 à 26 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation)et s’interroge sur le choix de création d’un nouveau dispositif
  • D’autres pensent que le RSJ ne résoudra pas les problèmes des jeunes des quartiers en politique de la ville.
  • Certains dénoncent une estimation trop faible des besoins, seulement 2000 jeunes pouvant bénéficier du RSJ. Ils ne comprennent pas l’exclusion des jeunes boursiers qui répondent pourtant à certains critères d’éligibilité.
  • D’autres encore regrettent le manque de concertation des élus et des acteurs sur le terrain et expriment leur doute quant à l’efficacité de ce dispositif.                                                

4 – LA REPONSE DU PRESIDENT DE LA METROPOLE

Le Président Bruno Bernard conclut en donnant quelques explications : « la question est de savoir ce qu’on fait ou ce qu’on ne fait pas. J’aurais aimé aller plus vite mais on va pouvoir placer ces premières aides dès le mois de juin. Mais sur un sujet aussi complexe, il fallait trouver le bon dispositif, je ne suis pas sûr que ce soit totalement le bon dispositif (il est en expérimentation). Mais pendant 4 mois, nous avons consulté, peut être pas les élus ici présents mais les acteurs de terrain, ceux de l’insertion, de la pauvreté, de la jeunesse. C’est un travail énorme qui a été fait pour savoir comment dimensionner cette aide pour qu’elle puisse être utile et efficiente. Ce n’est pas une aide concurrente aux autres mais seulement une aide d’urgence. Quand, il n’y pas d’autres solutions, nous avons besoin d’un dispositif pour ceux qui sont trop éloignés d’un dispositif existant, ceux qui n’ont pas de quoi se loger, se nourrir, ,les étudiants boursiers qui finissent leurs études sans emploi, se retrouvant, de fait, sans ressources, ceux qui sortent de la garantie jeunes sans solution de formation ou d’emploi, malgré  les 70% de réussites des jeunes inclus dans ce dispositif, ceux qui sortent du parcours d’aide à l’enfance à 21 ans sans solution…Ce dispositif est un dispositif de survie, le but est de remettre des jeunes dans des dispositifs existants .. N’allez pas croire qu’il y ait des jeunes qui ont envie de vivre ou de survivre avec 400€ / mois et qui voudraient faire cela toute leur vie Ce dispositif de secours nous allons l’évaluer et cette évaluation sera proposée en commission thématique (donc regroupant l’ensemble des groupes politiques) ».

5 – EN CONCLUSION

 Le Revenu de Solidarité Jeunes n’entre pas en concurrence avec les dispositifs actuels mais elle est une mesure complémentaire d’urgence, comme l’a répété Bruno Bernard. Elle s’adresse à une population très précarisée qui ne parvient pas à entrer dans les mesures d’insertion existantes. En cela, c’est une mesure sociale forte. Toutefois, elle ne touchera que 2000 jeunes soit seulement 4% des jeunes éligibles au RSJ. Elle  permettra donc de résoudre que très partiellement les problématiques de cette jeunesse en déshérence, notamment dans les quartiers en politique de la ville très touchés par la crise sanitaire. Pour réussir, ce dispositif demande des moyens et des ressources humaines très importants et de qualité. Il est à espérer que si les évaluations des premières expérimentations sont positives, l’Etat prendra au sérieux le RSJ et participera à son développement.

 Nous ne manquerons pas de vous informer de la suite donnée à cette expérimentation.

Françoise PELORCE

Résultats des votes : 94 voix pour, 31 voix contre. Le groupe politique auquel Alain Galliano est rattaché a voté pour, le groupe politique de Sandrine Chadier, maire de Craponne, a voté contre.

Pour en savoir plus : https://www.grandlyon.com/delibs/pdf/Conseil/2021/03/15/DELIBERATION/2021-0482.pdf

 

 

 

 

 

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