Certains voient cette crise comme une opportunité pour vivre mieux demain.
Vivre autrement certes, mais pas forcément mieux si nous considérons le « mieux vivre » comme une nécessaire avancée à la fois écologique, sociale et solidaire.
La crise sanitaire majeure que nous traversons creuse les inégalités sociales et demain le ciel risque de s’assombrir pour un nombre important de nos concitoyens, si nos gouvernants ne gèrent pas dans leur globalité les conséquences de cette épidémie sans précédent.
Le confinement, absolument indispensable pour endiguer cette pandémie met en exergue de nombreuses inégalités. Et, comme toujours, quelque soit la crise, ce sont les plus vulnérables qui sont et seront les plus touchés.
Comment vivre confinés dans un petit appartement avec des enfants, avec des adolescents qui ne rêvent que de retrouver leurs copains au pied des tours? La vie est plus douce lorsque l’on peut s’aérer dans un jardin, laisser jouer ses enfants à l’extérieur. Ceux qui ont quitté la ville pour rejoindre leur maison de campagne ou une location « last minute » dès l’annonce présidentielle, les plus aisés, évidemment, sont répréhensibles car ils ont, sans aucun doute, contribué à la propagation du virus. Mais ce n’est qu’une inégalité sociale de plus mise en évidence par cette crise car n’en est-il pas de même chaque week-end, chaque vacance, au cours desquelles certains privilégiés partent se reposer dans des endroits cossus alors que d’autres galèrent avec les gosses dans des appartements exigus parfois insalubres.
La crise génère aussi des dégâts collatéraux. Le milieu confiné accroit les troubles psychologiques : recrudescence des dépressions, des suicides, des violences faîtes aux enfants, aux femmes. Les gestion de l’épidémie ne permet pas de faire le deuil de ses proches et même de participer à leurs obsèques. De plus, faute de personnel, les services sociaux, déjà parents pauvres du système, ne sont pas en capacité d’intervenir.
La fermeture des écoles pour une longue durée pose aussi un grave problème éducatif.
La France déjà dénoncée par l’OCDE pour son système éducatif trop sélectif va encore améliorer son score de mauvais élève. En effet, comment accompagner ses enfants lorsque l’on ne maîtrise pas la langue française ou lorsque l’on a été soi-même en difficulté scolaire? Comment prendre en charge un enfant handicapé quand le centre d’accueil est fermé ? Comment suivre les enseignements à distance lorsque l’on pas accès au numérique, faute de ressources financières? Certains enfants vont continuer à progresser durant cette période remplie d’incertitudes, d’autres resteront sur le chemin, creusant encore des écarts de plus en plus difficiles à compenser.
Qu’en sera-t-il demain face aux conséquences financières, économiques et politiques prévisibles de cette crise ? Les experts évoquent notamment une économie en berne, une augmentation de la dette des états, une inflation en hausse, la réduction des dépenses publiques dont les dépenses sociales, un marché du travail fragilisé et toujours au détriment des plus faibles.
Cette crise apparaît aussi comme le révélateur de l’organisation sociale, économique et politique des états et de leur fragilité. Elle laissera, sans aucun doute, des traces indélébiles dans nos sociétés mais saurons-nous en tirer les conclusions utiles pour mettre en oeuvre les mesures permettant de limiter les dégâts sociaux prévisibles ? Et pourquoi faut-il une crise si meurtrière pour faire réfléchir et réagir les politiques sur le mode de gouvernance en place ?
Pour exemple, quelques paroles du Président de la République (discours le 19 mars 2020) :
« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties… Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »
Monsieur le Président, nous souhaiterions que ces paroles prononcées ne soient pas de vains mots et ne meurent pas avec le COVID-19. Relèverez-vous le défi, l’avenir nous le dira !
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