Les tentatives de suicides de deux étudiants dans l’agglomération lyonnaise en janvier 2021, a mis sur le devant de la scène la détresse et la précarité dans laquelle certains sont tombés.
Alors qu’avant la crise du Covid-19, on estimait déjà que 20% des 2,7 millions d’étudiants vivaient en dessous du seuil de pauvreté, la situation a explosé depuis.
La FAGE (fédération des associations générales étudiantes), qui a commandé une enquête à Ipsos, annonce, qu’à l’issue du confinement, 74% des jeunes interrogés ont estimé avoir rencontré des difficultés financières. Un tiers d’entre eux auraient même dû renoncer à des soins pour cette raison.
Beaucoup d’étudiants travaillent l’été pour financer leurs études, or en 2020 les jobs d’été sont devenus de rares exceptions. De même pour les petits boulots qui se font en parallèle des études tout au long de l’année. Le Covid-19 est passé par là, cassant l’économie, imposant la fermeture de nombreuses activités. Cette perte de revenu des étudiants n’a pas pu être compensée par une aide des parents car certains d’entre eux ont subi une perte de ressources ne leur permettant plus d’aider financièrement leur enfant.
A cette détresse financière, il faut rajouter la détresse psychologique. Depuis un an les étudiants suivent leurs cours en visio souvent dans des petites chambres ou studios, même si depuis peu l’étau a été un peu desserré et que les étudiants peuvent faire un peu de présentiel.
Dur, dur de rester enfermé pendant cette période de la vie où l’on crée la plupart de ses liens sociaux, où l’on construit sa vie sentimentale. La solitude est devenue la compagne ou le compagnon.
D’après un sondage du Figaro Étudiant, 66% des étudiants se sentent abandonnés (notamment par le gouvernement : 89 %) et 54% d’entre eux ont pensé à arrêter leurs études depuis le début de la crise sanitaire soit pour des raisons financières soit pour des raisons psychologiques, avec les conséquences qu’on peut supposer pour leur avenir mais aussi plus globalement pour l’avenir de la société.
Précarité et détresse psychologique et un horizon qui ne s’éclaircit toujours pas.
Des aides ont été mises en place pour les étudiants, mais cela reste largement insuffisant.
Des solutions par le gouvernement ou par des initiatives locales ont été mises en place pour aider les étudiants, comme notamment :
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- L’aide de 200 € mise en place depuis juin 2020 pour soutenir les étudiants de moins de 25 ans en grande difficulté.
- Le repas à 1€ que les étudiants boursiers peuvent bénéficier depuis la rentrée dans les restaurants universitaires du CROUS.
- Des aides d’urgence ponctuelles délivrées par les Crous pouvant aller jusqu’à 500€.
- La fourniture de près de 200 ordinateurs à des étudiants sans ressources, qui ne pouvaient plus aller travailler dans les bibliothèques fermées.
- Des dispositifs de soutien psychologique proposés aux étudiants.
- D’autres initiatives locales, comme à l’université de Nantes qui fournit un pass numérique, celle de Rennes qui octroie une aide de 50€, la Métropole de Lyon qui propose un abonnement TCL à 10€ mensuel pour les étudiants boursiers bénéficiant de l’aide d’urgence du Crous, la mise en place d’épiceries solidaires, …).
- A Lyon, une initiative intitulée 1CABASPOUR1ÉTUDIANT a été lancée via les réseaux sociaux et la radio, permettant à quiconque de parrainer un étudiant pour l’aider dans son quotidien, que ce soit une aide alimentaire, une aide pour payer un billet de train permettant à celui-ci de rejoindre sa famille le week-end ou bien d’autre encore, à retrouver en cliquant ICI
Mais ces aides sont-elles réellement à la hauteur de la précarité dans laquelle vivent certains étudiants ? La prime de 200€ versée en une fois, revient à leur verser 50 centimes d’euros par jour…
Les bourses ont le mérite d’exister, mais elles ne permettent pas de vivre et d’étudier sans les parents et les petits boulots. Quand l’étudiant n’est pas aidé par la famille et qu’il n’a pas la chance d’avoir un emploi, la pauvreté s’installe.
Les étudiants et plus globalement les jeunes (de la tranche d’âge 18 à 25 ans) n’ont pas droit au RSA… eux que notre société devrait tout particulièrement chouchouter, car ils sont notre avenir, les forces vives de demain.
Cette situation doit accélérer la mise en place d’un véritable revenu pour les jeunes à partir de 18 ans.
En décembre 2020, un collectif de seize représentants d’organisations de jeunesse, demandait dans une tribune du Monde l’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans. Pour la présidente de l’Unef, Mélanie Luce, il est urgent de mettre en place une aide universelle, d’un montant suffisant pour vivre, calculée en fonction de la situation de l’étudiant et non de ses parents.
François Ruffin a défendu à l’Assemblée Nationale l’idée d’un revenu spécial pour les étudiants lors du débat sur un projet de loi le 18 février dernier, proposition qui a été refusée par les députés de La République en Marche.
Avec la crise de la Covid-19, beaucoup de voix vont dans le même sens. Le revenu universel, mesure phare du programme de Benoit Hamon aux élections de 2017, revient dans le débat.
Nous manquons de chercheurs, de personnels de santé, d’ingénieurs… Aider les étudiants, faire en sorte qu’ils puissent étudier dans des conditions les meilleurs possibles, c’est non seulement un geste de solidarité, mais c’est aussi investir dans l’avenir de notre pays.
Jacques VESCO – Mars 2021
Sources : L’étudiant / Le Monde / Alternatives économiques / Libération / Observatoire national de la vie étudiante / Le Figaro Etudiant
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