CHRONIQUES D’UN MONDE POSSIBLE – 1 – Le refus de la fragmentation

13 Jan, 2022

La France est plus fragmentée que jamais. Les citoyens et citoyennes ont été montés les uns contre les autres alors que les inégalités n’ont jamais été aussi fortes. Le président sortant a une grande responsabilité en la matière. Les forces de gauche et de l’écologie en auront une également si elles se perdent dans des débats qui ne sont pas les leurs alors que l’urgence est de proposer des politiques publiques synonymes d’un nouveau pacte social.

 Le quinquennat d’Emmanuel Macron a accru fortement la fragmentation de notre pays. Certains d’entre vous diront que ce n’est pas nouveau. Certes mais ce n’est pas une excuse ! Il est vrai que, depuis plus de deux siècles, la France prône l’égalité des citoyens tout en se heurtant à la question fondamentale de leur interdépendance. Comment créer du lien entre des citoyens et des citoyennes supposés égaux voire équivalents ? Telle est finalement la préoccupation majeure de la République. Cette interdépendance est même la responsabilité première de l’homme ou de la femme qui aspire à présider notre République. Les Françaises et les Français sont aujourd’hui plus divisés que jamais dans un contexte où les inégalités atteignent dans notre pays un niveau élevé. Elles avaient fortement baissé dans notre pays entre la Première Guerre mondiale et le milieu des années 1980, elles ne cessent de s’accroitre depuis. Vous trouverez toujours des démagogues qui dissimulent ces inégalités, la paupérisation des classes populaires, l’appauvrissement d’une partie des classes moyennes, en les diluant dans des oppositions culturelles, en rejetant l’autre ou encore en inventant des ennemis. La fragmentation est la réponse facile et odieuse à l’absence d’action contre les inégalités.

Le président sortant n’a pas su ou voulu faire face à cette fragmentation. Il en a même joué et n’a cessé de brouiller les repères. Il s’est posé comme l’homme du dépassement politique tout en étant celui du clivage social. Il a nié les différences politiques au nom d’une supposée unanimité. L’unanimité n’est pas l’unité. La solidité du lien repose sur le respect de la différence, de la controverse, du débat. Ajoutez à cela du mépris de classe, une volonté d’avoir toujours raison et vous vous retrouvez face au bilan que nous connaissons. D’abord la dévitalisation des forces politiques, de gauche comme de droite. Et ensuite la multiplication de mouvements de rue, de manifestations comme tout le pays a pu le constater samedi après samedi depuis l’hiver 2018.

Il faut donc choisir son camp : soit amplifier la fragmentation en misant sur le réveil des réactionnaires, soit la stopper net. La stopper peut et doit être le socle commun de la gauche et de l’écologie. Les discours seront importants mais ils ne suffiront pas. Cela ne peut passer que par des actions et un programme. La France a une histoire. Cette histoire – contrairement aux propos hasardeux de marabouts de la politique, d’apprentis sorciers de la chose publique – n’est pas celle d’une quelconque identité multiséculaire ou d’une unité culturelle. Cette histoire est née avec la Révolution. Depuis deux siècles, c’est l’Etat qui est le moteur de la cohésion de la société dans notre pays. Comment ? Par une action publique intégratrice, par des équipements publics dans nos territoires, par de réelles politiques d’émancipation. En un mot un nouveau pacte social. Ne nous perdons pas dans des débats qui n’ont jamais été les nôtres, dans l’attente d’un homme ou d’une femme providentielle. Oui, une primaire populaire est plus que jamais nécessaire, si elle s’accompagne d’un contrat pour les élections législatives. Rien ne nous empêche de travailler dès maintenant à une coalition autour d’engagements communs. Ces engagements doivent avant tout concerner un nouveau plan d’investissements et de services publics ainsi qu’une prise en charge collective et inédite des risques de la transition écologique pour que les classes populaires et moyennes ne soient pas laissées sur le bord du chemin. Ce pacte est au centre des prochaines chroniques d’un monde possible que je vous propose de suivre dans les semaines à venir.

Renaud PAYRE – 3° Vice-Président de la Métropole de Lyon

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