Centre d’Hébergement d’Urgence situé sur l’ancien site de l’hôpital Charial : Compte-rendu de la réunion publique du 1° juillet 2020

13 Juil, 2021

Le Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU) qui a commencé de s’implanter sur le site de l’ancien hôpital gériatrique Charial en novembre 2020 avec l’arrivée de 110 personnes, en majorité des femmes seules ou avec enfants, va rentrer dans sa deuxième phase maintenant que le site est totalement libéré.

Créé par l’Etat, ce CHU est géré par deux associations : Notre Dame des Sans-Abri et L’Armée du Salut, dans les locaux des HCL loués pour une période de 3 ans renouvelable 3 ans une seule fois.

Jeudi 1° juillet 2021, plus de 200 personnes ont assisté à la première réunion publique conduite par Cécile Dindar,                 Préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône, Préfète déléguée pour l’égalité des chances, et la présence de  Michel Rantonnet – Maire de Francheville, Sandrine Chadier – Maire de Craponne, le Député, le Secrétaire Général des HCL, l’Inspecteur d’Académie adjoint, Hélène Dromain – Vice-présidente de la Métropole, et d’autres personnes représentant les services de l’Etat ainsi que les associations Armée du Salut et le Foyer Notre Dame des Sans-Abris.

Interventions des Maires de Francheville et Craponne

Michel Rantonnet, Maire de Francheville est intervenu en premier, ne mâchant pas ses mots à l’encontre de l’Etat et de la Préfecture : « … la volonté de l’Etat s’impose aux territoires ; c’est la prérogative de l’Etat de ne pas rendre compte aux habitants … », « …les élus sont mis devant le fait accompli… », « … les élus ont été écartés. C’est ainsi désormais dans notre République Française… ». En sus de reprocher à l’État sa méthode sans concertation, le Maire de Francheville a relayé « l’inquiétude des habitants et des élus » et a conclu en se tournant vers Mme La Préfète « Merci à vous d’expliquer aux habitants ce projet qui n’est pas le nôtre ».

Pour mémoire, fin 2020, le Maire de Francheville avec ses deux collègues de Craponne et Tassin, s’était opposé au projet de l’état qui venait contrecarrer un autre projet privé accompagné par sa Ville.

Sandrine Chadier, Maire de Craponne, a eu un discours plus apaisé et plus positif que son collègue de Francheville en soulignant « le point d’accroche était la scolarisation des enfants… grâce au travail réalisé ensemble ces derniers mois, nous avons pu lever les doutes que nous avions dans notre capacité d’accueil… », et en concluant « ces doutes étant levés, il est de notre ressort d’accueillir au mieux les familles qui sont ici… C’est ce qu’on s’attachera à faire… ».

Il est à noter que sur les 8 hectares du site de Charial, 7 sont sur la commune de Francheville et 1 sur celle de Craponne.

Intervention de Mme la Préfète Cécile Dindar

Mme la Préfète a répondu au Maire de Francheville en rappelant que « C’est la responsabilité de l’État en France que d’assurer la mise à l’abri et l’hébergement d’urgence… » et aussi en soulignant que « c’est aussi l’honneur des fonctionnaires ».

Elle a précisé que l’objectif est d’éviter la prise en charge à l’hôtel des sans-abris, « car ce ne sont pas les conditions humaines et sociales les mieux adaptées ». Pour cela, « la Préfecture étudie toutes les opportunités qui se présentent en concertation avec les élus. Souvent cela se fait de manière consensuelle, mais ce n’est pas toujours le cas… »

La décision n’a pas été improvisée mais elle est le fruit d’une réflexion de plusieurs mois avec les HCL, propriétaires des murs, « qui nous ont contactés pour éviter que le site reste vide en attendant que mûrisse un projet qui n’est d’ailleurs nullement remis en cause. »

Mme la Préfète a insisté sur la fierté de ce projet. « Ce n’est pas qu’un Centre d’Hébergement d’Urgence. C’est aussi un site qui a une vocation d’insertion sociale et économique … qui bénéficiera à tous ».

La durée d’occupation du site est de 3 ans renouvelable 3 ans. A l’issue de ce délai, le site sera restitué.

Quant à la scolarisation, un travail important a été effectué par l’Inspection d’Académie. Les 110 enfants (de maternelle et de primaire) qui seront présents sur le site, seront accueillis dans 7 communes et arrondissements voisins, avec les règles suivantes « pas plus de 10 enfants par établissement et pas plus de deux par classe ».

Interventions des associations « Notre Dame des Sans-abris » et « L’Armée du Salut »

Les deux associations sont ensuite intervenues pour préciser leurs visions et le projet.

C’est un projet très novateur, comme le soulignait Mme la Préfète, car il va bien au-delà de l’hébergement d’urgence. Il se décline en trois volets : en plus de la partie hébergement, il y a le volet insertion : « Nous allons monter deux chantiers d’insertion, indique Sophie Jansen, directrice à l’Armée du Salut, qui offriront au territoire plus de 80 postes de travail, pour de l’entretien, la blanchisserie et l’épicerie sociale qui seront ouvertes à terme au public, un hôtel et une auberge de jeunesse ». Le troisième volet est celui du tiers-lieu ludique et participatif, qui sera animé par deux associations, « Yes we camp » et « Plateau urbain ». Leur objectif, comme le souligne Sophie Jansen « Faire monter la mayonnaise collective du travailler ensemble, vivre ensemble, pour que le dedans aille dehors et vice-versa ».

Ce nouveau centre qui s’installe donc sur les 8 hectares et les 22 000 mètres carrés de bâtiments de l’ancien site de Charial prend pour nom « Les Grandes Voisines » pour faire écho au projet « les grands Voisins » de Paris dont il s’inspire.  Ce projet a duré 5 ans. 2 000 personnes y vivaient et y travaillaient quotidiennement, dont 1 000 personnes étaient hébergées dans le CHU. Des dizaines de secteurs professionnels ont été construits ou représentés. 300 évènements culturels, éducatifs et artistiques gratuits ont été produits. 5 000 bénévoles sont intervenus.

Des questions et des réponses

Les associations, les élus, la Préfète et les services de l’Etat ont répondu aux questions de certaines personnes inquiètes, d’autres totalement hostiles, mais aussi de personnes solidaires et désireuses de participer à ce projet.

« Qu’entendez-vous par personnes en situation d’isolement et d’exclusion sociale ; s’agit-il d’immigrés ? »

Les personnes accueillies ne sont pas mises dans des cases (étranger, pas étranger ; travailleur / sans emploi, …) Le seul critère est social : personnes isolées, familles, présence d’enfants en bas âge, femmes victimes de violences … ».

La personne qui a posé la première question est revenue à la charge « Est-ce qu’un jour on n’aura pas des tentes partout dans le terrain autour ? Francheville a-t-elle vocation à accueillir toute la détresse humaine … et les drogués du parc Eole ? … ».

Réponse des services de l’état : « Pour éviter les tentes dans les jardins, il faut justement faire ce que l’on fait aujourd’hui. Les tentes se mettent en place quand il n’y a pas de Centres d’hébergement d’Urgence ».

En réaction aux premières questions, Philippe Prugniel, membre de « Craponne Partageons L’Avenir », prend le micro : « … J’aimerai applaudir ce travail fait par les associations. Ce projet me redonne la fierté d’appartenir à ce territoire. J’ai une demande à faire aux maires ; ce serait d’accompagner et d’aider ce projet pour en faire une réussite. C’est une grande opportunité pour notre territoire ». Se tournant vers les associations, il précise : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous aider ? ».

« On a besoin de bras et d’idées. Tous les acteurs du territoire sont les bienvenus. » précise Sophie Jansen.

Une autre personne inquiète ne croit pas à la restitution du site dans six ans et trouve que 500 personnes c’est trop.

Cécile Dindar précise : « L’horizon est fixé. On aurait pu choisir tout de suite 6 ans, on a préféré 3 ans reconductibles. Terminer un site, nous savons le faire, ça se prépare à l’avance, en recréant d’autres sites et par l’accompagnement des sorties vers un logement, une autre structure ou une solution personnelle. »

475 places sont effectivement prévues sur Charial. Mais il faut savoir que sur le Rhône, ce sont 8 000 personnes qui sont en CHU. Dans la petite ville d’Alix de 600 habitants, un CHU de 60 personne a été organisé et aujourd’hui on constate que « la mayonnaise a pris ».

« Je ne suis pas contre, mais il y a des limites à rendre service. Qui va payer ? »

Mme La Préfète répond : C’est un dispositif financé par l’Etat : « La prise en charge globale du site représente un coût de moins de 25 € par personne et par jour. C’est moins cher qu’une nuit d’hôtel et pour une qualité de prestation incomparable. »

« Pourquoi ici alors qu’on a fermé un hôpital ? »

Le secrétaire général des HCL répond. « Le site ne correspondait plus aux besoins … il était nécessaire que cette activité de gériatrie se rapproche des centres hospitaliers. C’est une évolution classique d’un site. Il n’y a pas eu de perte de lit de gériatrie … Quand un site est vide il se dégrade, il peut être squatté. C’est une préoccupation, c’est pour cela que lorsqu’on vide un lieu, on le met à disposition en attendant de trouver sa destination finale … Il y a un engagement de finaliser le dossier de création d’un EHPAD à l’entrée du site. »

« Comment est assurée la sécurité ? » 

Tous les centres ont des agents de sécurité… C’est important, surtout quand on héberge des femmes victimes de violences. Il y a aussi des caméras et un lien étroit avec les gendarmeries.

La séance des questions – réponses s’est terminée par la visite du CHU.

Notre association « Craponne Partageons L’Avenir »

Notre association soutient ce projet depuis le début et avait réagi à l’opposition des maires. Des bénévoles de notre association interviennent déjà. Des actions ont été conduites (collecte de matériel pour bébés).

Nous devons maintenant poursuivre et amplifier notre relation avec ce centre. Nous devons apporter notre contribution pour que ce projet novateur soit un succès ; pour que la solidarité ne soit pas qu’un mot, mais qu’elle devienne une réalité dans notre commune.

Pour cela, nous allons, dans un premier temps :

  • Prendre contact avec les deux associations « Notre dame des Sans-Abris » et « L’Armée du Salut », pour déterminer avec eux comment nous pouvons les aider.
  • Prendre contact avec les autres associations sensibles à ces sujets (Saint Genis Pour Tous, La Passerelle du Val Ratier, la Branche solidarité de GMC, …).

Nous réfléchissons à d’autres actions, dont nous ne manquerons pas de vous informer.

Conclusion

Je conclue ce compte-rendu en reprenant les propos de l’intervenant de la Fondation Armée du Salut : « Auparavant, les sans-abris, on les cachait derrière les murs de nos établissements à la fois pour ne pas inquiéter le bourgeois, mais aussi parce que les gens démunis portaient la honte, le stigmate de la désapprobation sociale, comme s’ils étaient forcément responsables du discrédit qui les accable. Aujourd’hui, les Grands Voisines prétendent le contraire. Il s’agit de mettre en visibilité les modestes, les étrangers, les sans grades pour affirmer avec conviction que ces gens-là sont aussi une richesse pour nous tous dans des relations de bon voisinage d’abord, mais aussi dans une perspective de concorde de la société Française qui en a tant besoin ».

Jacques VESCO
Président de « Craponne Partageons l’Avenir »

Le 3 juillet 2021

 

A découvrir également

0 commentaires