Carburant, les profiteurs de la guerre

3 Août, 2022

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une forte hausse des cours du pétrole et du gaz. L’état tente de limiter l’impact sur le pouvoir d’achat à renfort de remises, pendant que les grands groupes pétroliers, dont TotalEnergies en tête engrangent d’énormes bénéfices.

Les supers profits de TotalEnergies

Le groupe français a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre, le portant à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards au même trimestre de 2021.

De nombreuses voix se sont élevées pour demander une taxe sur ces « superprofits », mais cette taxation exceptionnelle a été rejetée par le gouvernement. A la place, TotalEnergies a annoncé une remise de 20 centimes d’euros par litre de carburant à la pompe entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service, puis de 10 centimes par litre sur le reste de l’année. Cette remise se cumulant avec celle de l’état.

Il est à noter en parallèle, que le groupe n’a pas payé d’impôts en France en 2020 et 2021, recourant à des pratiques agressives d’optimisation fiscale.

Nous pourrions alors penser que ces « superprofits » vont bénéficier aux salariés et à l’investissement dans les énergies renouvelables…  Malheureusement, les salariés de TotalEnergies restent les grands perdants ; les 5,8% d’inflation ne sont pas compensés. Quant à l’investissement dans les énergies renouvelables, qui représente 3,3 milliards d’euros par an, soit à peine 1,6% de son chiffre d’affaires. Le PDG de TotalEnergies a affirmé sa volonté d’utiliser ces superprofits pour investir dans les énergies renouvelables, mais pour l’instant aucune annonce chiffrée n’a été faite et le groupe continue à investir massivement dans de nouveaux champs pétroliers ou gaziers. Par contre, pour ses actionnaires, TotalEnergies a confirmé l’augmentation de 5% de son premier acompte sur dividende au titre de 2022.

TotalEnergies n’est pas le seul à profiter de la situation. On pourrait citer ENGIE, Shell, BP et bien d’autres. Greenpeace a fait les calculs : selon son décompte, « au cours du seul mois de mars, l’industrie pétrolière a engrangé en moyenne 107 millions d’euros supplémentaires par jour ». Des chiffres qui donnent le vertige ou plutôt la nausée.

Et pendant ce temps, l’état (donc nous tous) passe à la caisse

Pour contenir l’impact de la flambée des prix des carburants à la pompe, une remise de 15 à 18 centimes d’euro hors taxe par litre de carburant est appliquée depuis le 1er avril 2022. « La remise pourrait passer de 18 à 30 centimes d’euros en septembre et en octobre, puis passer à 10 en novembre et 10 en décembre » a indiqué récemment Bruno Lemaire.

Ces remises pourraient impacter le déficit public à hauteur de 4,4 milliards d’euros pour l’année 2022, même si avec l’augmentation des prix, l’état engrange plus de taxes (les taxes rapportaient, avant la remise de 15 à 18 centimes, 5 euros de plus sur un plein de SP95 par rapport à il y a un an).

Ainsi, outre que ces discussions sur les prix des carburants monopolisent l’attention et occultent les questions environnementales liées à ce nouveau soutien aux énergies fossiles, il ne faut jamais oublier que le budget de l’état est financé par nos impôts, nos taxes et la dette. Ce sont donc NOUS qui finançons nos propres remises sur l’essence pendant que TotalEnergies et ses actionnaires se frottent les mains. Les guerres ne sont jamais perdues pour tout le monde.

 

Jacques Vesco

Le 30 juillet 2022

Bibliographie : Le monde / Challenge / Les échos / Ouest France / francetvinfo.fr / tf1info.fr / Totalenergies.com

 

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